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Je n’ai pas cessé d’être l’ourse
la fille qui rôde sous ta fenêtre
qui t’appelle dans l’obscurité
toi le garçon aux yeux pers
mendiant un peu de ta chaleur
Mais si tu refuses de sortir
les enfants demandent une consolation
pour le premier arrachement
du lait chaud ou ta peau
mousse mémoire de leurs joies
tu leur offres une attention – t’alignes
vers ton devenir animal
je lave les draps
j’avale un repas grisâtre
je tire un ami d’une poubelle
je dépose les légumes
sur le plancher de la chambre
je m’écroule dans le lit
et n’en sors plus
je veux des rencontres
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
il n'y a plus de soleils couchants
Légèreté, légèreté, je t'appelle
Je te donne en secret un nom d'oiseau
Je te nourrirai dans ma paume avec le meilleur de moi-
même
cela déchire rassemble
au même lieu
et dans le même temps
savoir que les mots
Ignores-tu que la réalité est composée de zones sensibles ?
Vois-tu la montagne
Les oiseaux qui en sortent par division
Étrange production soulevée par l’énergie qui la parcourt
Les maisons et les machines
ouvrant chaque fenêtre je fais le tour de la maison
laissant courir la lumière sur les meubles
danser le soleil sur les planchers
je respire l’eau des naissances
Ma maman ou ce qui en reste
n’est pas au ciel
mais dans la terre.
Et si on la retrouve au ciel
elle fait partie d’une étoile si lointaine
que même après deux éternités
le fleuve approche
j’aimerais briller solitaire,
pleurer sur le ventre de la païenne
jusqu’à m’en écouler le bleu calme de l’iris
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
je suis venue apporter la lumière aux nations
les ténèbres étaient ici hier
les terres tranchantes ô joie éteinte
quelques arbres poussaient
non vers le ciel, mais autour du cou
ainsi s’étaient-ils adaptés
aux métamorphoses de notre nature
Je coupe au couteau les coins de ma bouche, je suis tout sourire. Le siècle est un souper qui se trempe, s’arrose, s’asperge, se douche, s’inonde.
à mon père
Ce fut comme si soudain
il avait mis son cœur
à l’envers
comme si
dans le verger de ses bras
le fruit de son cœur
Voilà : bercer le mort,
je berce le mort, facile, fidèle.
Dans le cardinal de l’homme et de la femme.
je les ai déjà
ces mots qui écorchent
trichent
calfeutrés sous ma langue
like
what do you mean
nothing bien sûr nada
c’est juste moi
qui se tait
cet amuïssement
Je me suis levé
je suis debout dans le soleil et je marche
je marche à la vie à la lutte à la victoire
un musicien me demande
si le français se meurt
comme le cellulaire
J’entre et je sors de moi-même souvent,
Je me demande audience parfois,
Je me rencontre en de noirs corridors,
du voyage dont je reviens je ne ramène ni souvenirs ni photographies
juste une évidence
j’ai revécu la création de l’univers et l’évolution de toutes les espèces
Tel que je suis, dans la livide lumière,
Tel que j’écris, mouillé d’un jour lunaire,
l’ombre longue de ma main glissant sur le feuillet,
Je suis Cap…
Un jour j…
j’ai succombé à toutes les visions
séduite, surface, série et sérieuse
en toute mobilité et paysages
nous sommes sans force contre
l’écoulement des années
les douleurs qui nous poursuivent
Dans respirer m’a dit Goethe il y a deux grâces
l’air qu’on s’incorpore et celui qu’on lâche
la peine que j’ai moi c’est à rendre l’âme
Un oiseau chante ne sais où
C’est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d’un sou
Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Soleil, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Si je savais écrire je saurais dessiner
Si j’avais un verre d’eau je le ferais geler et
je le conserverais sous verre
Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, — et mon luth constellé
Il n’y a jamais de porte entre moi et l’ombre,
jamais de séparation entre tant de pas ;
je marche sans cesse
L’enfant qui jouait le voilà maigre et courbé
L’enfant qui pleurait le voilà les yeux brûlés
L’enfant qui dansait une ronde le voilà qui court après le tramway
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Quand sur moi je jette les yeux,
À trente ans me voyant tout vieux,
Mon cœur de frayeur diminue ;