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J’écris une lettre
au pays de l’enfance
l’odeur du parent aimé
l’accent du village qu’on ne perd jamais
je marche avec une aube pointue
une allure de chien errant traversant l’autoroute
la parole précise n’a pas de langue
Le rituel de grand-mère
débute avec
l’eau sur
les pieds
les mains
les avant-bras
le visage
elle répète trois fois
avec un soupçon
de Dieu est grand
Je cherche l’équilibre
le quart de ton
sa place
si petite soit-elle
entre les notes
une fissure à la Cohen
pour faire passer la lumière
La fin du monde. Je guettais l’apocalypse, mes paumes en escalopes. Les éclairs se déversaient dans mon verre, je les buvais sans œsophage.
Parfois un vague oncle algérien m’appelait. Je ne répondais pas.
Inscris
je suis arabe
le numéro de ma carte est cinquante mille
j’ai huit enfants
et le neuvième viendra… après l’été
Te mettras-tu en colère?
Le fracas des âmes ne parvient pas
à l’oreille du gardien des flammes
il se brise sur la vitre qui nous sépare
nous emprisonne dans le visible
Aujourd’hui j’ai vu
comment meurt une ville
et j’ai été abandonnée
et je suis partie
et de rien
et je reviens d’un long voyage
mais par où commencer
par où
Un pays sans mémoire est une femme sans miroir
Belle mais qui ne le saurait pas
Un homme qui cherche dans le noir
Qui je suis
Je l’ignore !
Fès, mamie
mon imprécatrice chauve
aux talons gercés dans la boue de l’hiver
Ce n’est pas en une fois
Que je saurai ton visage
chaque jour tu rattrapais la lune
qui fuyait
Les oiseaux apparaissent,
S’allume une flamme
Et c’est la femme ;