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la vitalité de vos corps m'épuise
de désir et de désespoir
(je vous aime et je vous hais)
(je vous aime plus que je ne vous hais)
tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers
ma danse carrée des quatre coins d’horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
il y a des femmes capables de lire la noirceur
elles apparaissent mobiles en pleine beauté
debout dans l’instant
au cœur flexible d’un territoire
les femmes seules en région
J’habite un cri de terre aux racines de feu
Enfouies sur les rochers de solitudes
J’ai creusé lentement les varechs terribles
D’une amère saison de pluie
Comme au coeur du crabe la soif d’étreindre
I
Le peintre suit le pinceau abstrait de la neige
ses leçons de regard
la lente floraison
Tu me donneras l'eau ce jour ;
Il faut que coulent les galets
Qui obstruent les sentiers ;
Ce soir,
Je rentrerai,
Dans la case des génies
Tête devant, et boire
La sève nourricière ;
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
La mer n'évacue pas, ne vide pas les regards. La mer nous
regarde dans les yeux et c'est le signe d'un combat.
La mer ne nous égare pas, nous ne sommes jamais perdus
Légèreté, légèreté, je t'appelle
Je te donne en secret un nom d'oiseau
Je te nourrirai dans ma paume avec le meilleur de moi-
même
Ses hanches ondulaient au rythme des tambours. La déesse noire est morte avant qu'on puisse l'oublier. Pressées par la foule sur la grande avenue, ma grand-mère et moi attendons son cortège.
d’abord le bleu foncé pâlit le ciel
éclaire au ralenti l’horizon
le mauve apparaît et vire au rose
le soleil se lève
à n’en plus finir
J’ai perdu ton savoir
Mes yeux ne savent plus lire le vent ni le soleil
Mes mains s’abîment au moindre froid
Je crains l’aridité de ma mère
Je critique même la lenteur de mes sœurs
II y a un système aux États-Unis
Permettant aux jeunes athlètes
Qui ne finissent pas le high school
Avec des assez bonnes notes pour être admis à l’université
De faire une année de plus
C’est loin
Je l’entends souvent
T’en fais de la route
Ça te prend combien de temps
Je comprends
Quand tu pars de l’autre province
Quand tu pars de la capitale
Les femmes de la côte
restent sauvages.
Les hommes chantent
conduisent des chaloupes et parlent
de l’allure des vagues;
les femmes de la côte peignent et
savent réparer des skidoos
Ô jeunes gens ! Élus ! Fleurs du monde vivant,
Maîtres du mois d’avril et du soleil levant,
N’écoutez pas ces gens qui disent : soyez sages !
Un jardinier disait à ses mains,
Disait au jardin :
Je suis ta jument je suis ton pré
Tu es homme, ce soir !
Tu es un homme, mon fils !
Par ta chair meurtrie
Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce,
Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée,
Ô train de luxe ! et l’angoissante musique
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
Fès, mamie
mon imprécatrice chauve
aux talons gercés dans la boue de l’hiver
Je pressens cette terre sans arbres
et pure de ne dresser aucun obstacle,
et les visages eux-mêmes vidés de tout destin,
Ce n’est pas en une fois
Que je saurai ton visage
Dieu tout au bout de soi-même, quand éclate l’écorce et que les laves coulent de source.
Dieu des ruptures de glace et des bas-fonds généreux.
Sylvia et Ann boivent des martinis dans le bar
d’un hôtel à Boston. Leurs robes aux motifs soyeux
s’enroulent autour de leurs doigts ; elles se demandent
Flambeau de l’Univers, charmant Père du Jour,
Globe d’or et de feu, Centre de la Lumière ;
Admirable Portrait de la Cause première ;
Soleil, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
Foie de tortue verte truffé
Langouste à la mexicaine
Faisan de la Floride
La mer quand elle a fait son lit sous la lune et les étoiles
et qu’elle veut sombrer tout à fait dans le sommeil ou dans
l’extase
Les oiseaux apparaissent,
S’allume une flamme
Et c’est la femme ;
un dimanche
la parole amoureuse est un dimanche
sans aucun souci de soi-même
Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d’éclairs de chaleur
À la taille de sablier
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Ô Vent du Nord, vent de chez nous, vent de féerie,
Qui vas surtout la nuit, pour que la poudrerie,
Quand le soleil, vers d’autres cieux, a …
Je resterai avec vous jusqu’à l’heure émouvante
où votre cœur sera devenu un continent glacé
dans le grand moment perdu de la route.
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est…
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Après le long silence fumant,
Après le grand silence civil de maints jours tout fumant de
rumeurs et de fumées,
I’ bruinait... L’temps était gris,
On n’voyait pus l’ciel... L’atmosphère,
Semblant suer au d’ssus d’Paris,
C’est un bloc écrasant dont la crête surplombe
Au-dessus des flots noirs, et dont le front puissant
Domine le brouillard, et défie en passant
La vie parfois
comme une affiche lacérée
sur la palissade d’un terrain vague
Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,