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Aujourd’hui le printemps s’est mêlé à l’hiver
Tout fond
L’hiver n’a pas dit son dernier mot
Un ancien imite le vent
des gouttes de pluie sur mes joues
j’ai levé mon visage vers le ciel
porteur de promesses
un petit oiseau vêtu de soleil
a défié les nuages
Se découvrir
Au sommet de nos montagnes
Exige de franchir cette frontière
Là où nos histoires seront
Gravées dans la pierre
Grands et petits qui vivez dans les plaines
Mon peuple écrivait en marchant
mon peuple écrivait sur la ligne de la mémoire
de cette façon, son bagage était moins lourd
il avait la bibliothèque de la terre avec lui
tu n’as pas eu le temps de me dire
la forêt des anciens et nos coutumes
perdue entre la route rouge
et l’autoroute blanche
celle de béton plutôt que de lichen
C'est la fin de l'été
et les familles ne partent peut-être plus
mais on t'invite quand même à la fête
comme à toutes les années
le vent se lève au matin
le fleuve reflète le soleil
Je ne me souviens pas toujours
D’où je viens
Dans mon sommeil,
Mes rêves me rappellent
qui je suis
jamais mes origines
ne me quitteront.
crépuscule aussi lent
qu’une peine d’amour
rivière lape ses vagues
contre quai
s’arrête pour un long sommeil
gris et long
soleil s’enfonce
juste là-bas
où les rivières se croisent
les gens se sont toujours rencontrés
500 ans c’est rien
ce lieu est trop profond
cette terre est une histoire vivante
nous sommes honorés d’y marcher
et j’ai vu ma mère perdre du poids
les blessures de ses mains
toujours plus grosses
j’ai vu ma mère faire des nuits blanches
toute une vie
sous la table
Toi qui chante Ô Canada
Sur un territoire endeuillé
Toi qui n’entends pas les plaintes
Les cris de rage, les pleurs cachés
Qui ne sens que le vent coupant
Sur cette terre stérile
Pour Alanis, ma mère
Un soir de pleine lune,
la mère de tant d’enfants
redonne espoir
à un enfant
une image donne
une multitude de couleurs
Les flocons tombent
petits brillants
étoiles du ciel
sous la lune éclaircie
la toundra seule et blanche,
mon esprit
les aurores boréales vert mauve,
mes rêves
J’ai perdu ton savoir
Mes yeux ne savent plus lire le vent ni le soleil
Mes mains s’abîment au moindre froid
Je crains l’aridité de ma mère
Je critique même la lenteur de mes sœurs
Au premier jour de mon premier souffle
On me baptisa avec un numéro
Au deuxième, on me donna une terre de réserve
Pour y ensevelir mes premiers rêves
l’avenir voit rouge
nous repartons vers nos terres
pas à pas
tachés du sang de nos ancêtres
les pas perdus s’évadent du feu sacré
c’est là que les jeunes reforment le cercle
nous inspirons l’air
frais dans nos êtres
suffoqués et parlons
de longs mots
anishnaabemowin
que je trace
le long de ta peau
nos cicatrices étirées
jusqu’aux bords
d’après tomson highway
personnages :
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
Pendant que les hommes
signent des grandes paix
qui s’inscrivent en lettres d’or
dans l’histoire,
Les femmes signent
des milliers de petites paix
à chaque minute dans leur famille,
Ma terre je la prendrai dans ma main
je la soignerai
avec un pan
ma jupe
essuiera ses larmes noires
mes cheveux ses joues creuses
je la bercerai en ses tremblements
je ne dors plus
si je ne touche pas les lignes du trottoir
si je me rends au troisième lampadaire sans
m’arrêter de courir
tout va bien aller
ça n’existe pas c’est dans ma tête
le gros monde veut me vendre une église
des habits neufs
de beaux chapeaux
le gros monde veut me border
de fleurs de lampadaires
de taxes foncières
Je crois bien
sur la route, sur la mer
sur mes pieds
Le Nord m’interpelle.
Ce départ nous mène
vers d’autres directions