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nous aimerions vous faire du bien
vous offrir à nos frais
une journée de rêve
voyage payé par le poème tout compris
des ortolans de l’eau turquoise
cocotiers ventilateurs
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
On sait qu’il y aura du sang partout. Puis, la grande immobilité. Après la casse, sur la route, si on s’approche assez pour voir, on me reconnaîtra.
Ça suffit
Aucun geste
Je paie mes factures
Silence
Je réponds
Que je parle des yeux
Il y a tout à comprendre
Immédiatement je jeûne
Pour quelques minutes
Femme du tréfonds des univers
femme coulée d’argile et d’or
femme cadeau de l’enfer
femme trophée de guerre
femme souveraine des hommes
femme entrailles d’abondance
au visage de ma mère
La première journée de l’amour est
inconcevablement abrupte ; entièrement faite
de choses arrachées -
- soudain et haut ;
et du jour qui s’élance
en travers de son axe.
J’ai donné des sous aux mendiants
mais les oreilles, les narines, les poumons
les yeux et la bouche de l’enfant
ouverts très grands
je ne les ai pas vus
les poèmes
je les ai tus
si je ne touche pas les lignes du trottoir
si je me rends au troisième lampadaire sans
m’arrêter de courir
tout va bien aller
ça n’existe pas c’est dans ma tête
je n’arrive pas à faire
comme dans les livres arlequins
parce qu’il y avait tes chansons
qui berçaient les cadavres
tqs dans le noir
le gros monde veut me vendre une église
des habits neufs
de beaux chapeaux
le gros monde veut me border
de fleurs de lampadaires
de taxes foncières
quand les cargos de sel
déverseront la rue Clark
dans ses caniveaux
je n’aurai plus raison
de rester là
dans l’embrasure de la porte
où plus personne ne s’embrasse
désormais
on me prend cute
pour ici
ou pour emporter
on me prend
par la main
en me disant
c’est incroyable
(pour Jean Marc et Brigitte)
Je me réveille au son d’une pelle qui gratte la
neige.
Je me réveille au son de cloches qui sonnent contre
les fenêtres endormies.
samedi soir une fois encore
des filles fumées jusqu’au filtre
des filles fleurs en manque de pollen
une réceptionniste deux fois une infirmière
un membre du personnel soignant et même
la médecin alors qu’elle avait les mains
j'ai passé ben du temps
au téléphone pour faire taire mes rêves
la planète était toute tendue
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Tu es homme, ce soir !
Tu es un homme, mon fils !
Par ta chair meurtrie
Un pays sans mémoire est une femme sans miroir
Belle mais qui ne le saurait pas
Un homme qui cherche dans le noir
Tel que je suis, dans la livide lumière,
Tel que j’écris, mouillé d’un jour lunaire,
l’ombre longue de ma main glissant sur le feuillet,
Je ne suis plus qu’un peu de chair qui souffre et saigne.
Je ne sais plus lutter, j’attends le dernier coup,
Le coup de grâce et de pitié que le sort daigne
Reste la nuit
cette boule bleue que tu portais au coin des lèvres
nuit-fumée nuit des lilas-rafales et des seins-pendentifs
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Voici l’âge des fous charmants.
Tu as leur âge. Es-tu fou ?
Voici l’âge du tohu-bohu.
Par Saint-Titiphore du branle-bas
et la taverne du coin
par la draffe d’air et celles qu’on boit
Il met ses lunettes de soleil
Un hijab pour son âme
Pour stopper son cri de détresse
Il existe pourtant des pommes et des oranges
Cézanne tenant d’une seule main
toute l’amplitude féconde de la terre
rencontré le lilas rencontré la nana
salut lilas salut nana
mangé le lilas mangé la nana
L’enfant qui jouait le voilà maigre et courbé
L’enfant qui pleurait le voilà les yeux brûlés
L’enfant qui dansait une ronde le voilà qui court après le tramway
Je resterai avec vous jusqu’à l’heure émouvante
où votre cœur sera devenu un continent glacé
dans le grand moment perdu de la route.
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge
Beauté, mon beau souci, de qui l’âme incertaine
A comme l’Océan son flux et son reflux :
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Vous aviez mon cœur,
Moi, j’avais le vôtre :
Un cœur pour un cœur ;
Un chant dans une nuit sans air...
La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.