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Tu me donneras l'eau ce jour ;
Il faut que coulent les galets
Qui obstruent les sentiers ;
Ce soir,
Je rentrerai,
Dans la case des génies
Tête devant, et boire
La sève nourricière ;
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
la parole précise n’a pas de langue
Et puis quoi d’autre sinon un milliard de routes de nuit éclairées par le cul d’une luciole priée espérée attendue ?
Moi, on ne m’a jamais appris à faire silence
Ici vit le Noir la peur au ventre
Cette peur sans cesse refoulée
Sans cesse remise en lumière
L’Amérique en moi
C’est une partie de ma peau
La rumeur la plus sourde
Ni connu ni cru
Ni compris ni cherché
Oui
Tu es homme, ce soir !
Tu es un homme, mon fils !
Par ta chair meurtrie
Un pays sans mémoire est une femme sans miroir
Belle mais qui ne le saurait pas
Un homme qui cherche dans le noir
Qui es-tu ?
Je suis Mamadi, fils de Dioubaté.
D’où viens-tu ?
Tombe des Morts !
Encore cette odeur de sang sous mon ciel
Innocent.
Fès, mamie
mon imprécatrice chauve
aux talons gercés dans la boue de l’hiver
chaque jour tu rattrapais la lune
qui fuyait
Je t’ai dit :
— Écoute le silence sous les colères flamboyantes
La voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des canons longs