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je lave les draps
j’avale un repas grisâtre
je tire un ami d’une poubelle
je dépose les légumes
sur le plancher de la chambre
je m’écroule dans le lit
et n’en sors plus
je veux des rencontres
ma peau ne m'appartient -
je n'écrirai pas
dans son gras je vieillirai
d'un jour je respecterai
les consignes je
m'achèterai de la crème à mains pour pouvoir dire à ma
j'ai mangé tous mes légumes
toutes mes émotions
j'ai rangé ma chambre
brûlé les draps
oui
j'ai bien été sage cette année
j'ai maintenant droit d'aller au carnaval
me gaver de sucreries
Du passé
né de
fait de
l'air
qui va rare qui souffle ça qui arrache ça
qui se gave d'hôpital.
Mes poumons étroits
ou est-ce un fantôme à chaque doigt
ou est-ce ma tête digne
Cancer.
C'est le pire mot de tout le vocabulaire.
Un mot qu'on apprend sans le vouloir.
On se réveille un jour
Je me souviens du futur, je me souviens du drame entier de
la boue, du désordre, de la boîte de nourriture sur le pas de
ma porte.
Je me souviens des arbres d'une autre vie, du manuscrit plein
Les étoiles amputées par les lumières de la ville
nous ne voyons plus le même ciel que nos ancêtres
nos constellations sont modernes et consuméristes
les bras étoilés tendus d'espérances
premier jour de maternelle
un dessin du quai
Je me réveille un dimanche et ça sent la levure chaude, alors elle doit être en train de faire du pain.
cette journée est beaucoup trop universelle pour moi
cette histoire me rend modeste
je ne peux pas sortir du lit dans ces conditions
je ne peux pas ouvrir les yeux dans ces conditions
J’ai voulu avaler le soleil, absorber les coups désirés, tenir la mer dans mon regard sans jamais faire le deuil des rives. C’est un appétit qui me dépasse – un amour si grand pour le vivant que le chagrin devient inconsolable.
tu seras seule
d'un bout à l'autre
DEPUIS QUE JE SUIS de silence.
Je plonge dans les mots
qui me blessent.
vais-je arriver en retard ?
est-ce que ça vaut
la peine
de courir d’après toi ?
je perds mon temps
tu crois ?
merde !
on s’en fout
au fond
d’après tomson highway
personnages :
Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
Comment vas-tu lorsque
tu es au loin.
Comment vont tes mains
et tes lèvres.
Comment va ton souffle.
Comment vont tes gestes paisibles.
Comment vont tes pas vifs.
Comment va ton corps très droit.
nous aimerions vous faire du bien
vous offrir à nos frais
une journée de rêve
voyage payé par le poème tout compris
des ortolans de l’eau turquoise
cocotiers ventilateurs
Nous étions là toutes les quatre, Gillian, Jayne, Laurence, et Mazzie s’est amenée avec deux garçons de l’East Side.
Tu es l’indice la faute
rends-toi dans la neige
depuis la fuite des nerfs
les veines se séparent pendant le sommeil
les enfants changent de corps en nageant
je recule jusqu’aux rites de passage
Les enfants racontent
leurs cauchemars
pendant que les femmes
dansent
avec les hommes
sous un abri
de pacotille
tout peut changer
en une minute
de frayeur
chaque matin il pleut des coups de poing
sur le paysage ratatiné
des enfants jouent dans les flaques d’eau
sont passibles de voies de fait graves
quand le jour referme ses mâchoires
Ils n’ont pas su regarder ils ont laissé
Vieillir le temps
Le dernier miracle se balance
À la poutre du garage
C’est toujours la même voix
Perdue la même voix de couteaux qui appelle
Aujourd’hui j’ai vu
comment meurt une ville
et j’ai été abandonnée
et je suis partie
et de rien
et je reviens d’un long voyage
mais par où commencer
par où
(pour Jean Marc et Brigitte)
Je me réveille au son d’une pelle qui gratte la
neige.
Je me réveille au son de cloches qui sonnent contre
les fenêtres endormies.
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
je les ai déjà
ces mots qui écorchent
trichent
calfeutrés sous ma langue
like
what do you mean
nothing bien sûr nada
c’est juste moi
qui se tait
cet amuïssement
La pluie me suit.
Je fuis comme un bruit.
Le bruit s’éloigne de sa naissance.
Mon pays s’attarde vers la mer,
Puis, soudain voyage à travers soleil et pluie
Mon pays accroche ses forêts
là dans la torpeur de la cour nous aurions arrosé le riz de senteurs de haricots ou de champignons noirs de membres de gallinacées et d’effluves de citronnelle
La grande amour que vous m’aviez donnée
Le vent des jours a rompu ses rayons —
Où fut la flamme, où fut la destinée
Tombe des Morts !
Encore cette odeur de sang sous mon ciel
Innocent.
Ma douleur est aux sources de mon exil
Il y eut sur cette île sang brûlé…
Je vis, mais c’est hors de moi-même,
Je vis, mais c’est sans vivre en moi ;
Je vis dans l’objet de ma foi
Il manquait quelque chose
dans le miroir
peut-être les tentures bleues
Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
Quand sur moi je jette les yeux,
À trente ans me voyant tout vieux,
Mon cœur de frayeur diminue ;
De l’éternel Azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poète impuissant qui maudit son génie
J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,