Biographie
Véronique Sylvain habite à Ottawa, où elle travaille dans le milieu de l’édition. Ses poèmes ont paru dans plusieurs revues de création littéraire, ainsi que des collectifs. Son premier recueil, Premier quart (Prise de parole, 2019), lui a permis de remporter le Prix de poésie Trillium, le Prix du livre d’Ottawa, en 2020, le prix Champlain et le Prix littéraire émergence AAOF 2021. Son plus récent recueil de poésie, En terrain miné, est paru en septembre 2024 chez Prise de parole. Elle occupera, jusqu’à l’automne 2026, le poste de poète officielle francophone de la ville d’Ottawa.
Entrevue
Je ne lisais pas de poésie de façon régulière, lorsque j’étais à l’école primaire ou secondaire. J’ai eu le bonheur toutefois d’être bercée, assez tôt, par les textes de chansonniers tels que Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Charles Aznavour, puisque mon père écoutait souvent la musique de ces artistes, à la maison ou à la ferme familiale. J’ai donc un peu découvert la poésie grâce à la musique.
Je me rappelle avoir lu et analysé, pour la première fois, en 10e année, avec fascination, « Le Vaisseau d’or » d’Émile Nelligan, poète québécois. J’ai découvert aussi, en 12e année, dans deux cours de français, l’œuvre d’Anne Hébert, poète québécoise, et de Patrice Desbiens, poète franco-ontarien. Encore aujourd’hui, la poésie d’Hébert et de Desbiens me va droit au cœur.
Assez tôt, j’ai développé un intérêt pour la musique. Vers l’âge de 14 ans, j’ai eu ma première guitare, puis j’ai commencé à jouer régulièrement de cet instrument. Quelques années plus tard, j’écrivais mes premiers textes de chansons. Dès mon entrée au secondaire, j’ai eu la chance de rencontrer un enseignant de français, également poète et auteur-compositeur-interprète, qui est devenu l’un de mes premiers mentors. Avec lui, j’ai écrit textes et musique pour quelques chansons. Il m’a fait réaliser que les textes de chansons pouvaient aussi s’apparenter à la poésie.
Je me suis rendu compte plus tard qu’en écrivant, les mots venaient souvent pour moi avant la musique. J’ai aussi compris que plusieurs de mes textes n’avaient pas toujours besoin de musique, puisque, grâce à la force des mots, à leurs sonorités, ils étaient aussi empreints de musicalité.
Lors de mes études postsecondaires et supérieures en lettres françaises, j’ai découvert l’œuvre de poètes (français, québécois, franco-ontariens, acadiens…) qui m’ont donné le goût, non seulement de lire davantage de poésie, mais aussi de m’en inspirer, de trouver ma voix/ma voie, puis de devenir moi-même poète.
Même si je griffonnais quelques textes poétiques ici et là, ce n’est que lorsque certains textes ont été publiés dans des revues et collectifs, puis dans mon premier recueil, en 2019, que j’ai commencé à m’affirmer davantage comme poète.
Les poètes arrivent à transposer, en mots et en images, le réel/le concret, les sentiments/les émotions, le beau/le laid, le commun/le bizarre. De laisser des traces d’expériences humaines et de les léguer aux autres qui les découvrent.
Ce sont surtout les ouvriers des milieux forestiers et miniers qui ont nourri l'écriture des textes. J'ai voulu me glisser sous leurs peaux et exprimer certaines émotions, de même que décrire la dureté et les difficultés (physiques, mentales) de leur travail.
« Je me réveille », de Patrice Desbiens.