Maladie mentale : marcher à côté de soi

Une compilation assemblée par Alice Rivard

Une introduction, selon Alice

Le titre est un clin d’œil à un vers du poème « Accompagnement » de Saint-Denys-Garneau (je marche à côté d’une joie). La maladie mentale se vit souvent comme une dissociation, comme une observation de la joie comme si elle était extérieure. La sienne ou celle des autres, le soi devient étranger, aliéné. C’est donc un peu comme marcher à côté de soi.

La poésie est un espace où on encourage le travail sur le langage, mais également l’expression des sentiments les plus douloureux et parfois tabous. Ce travail sur le langage et les images permet d’atteindre une catharsis puissante, c’est à dire quelque chose de très intense et de libérateur, autant pour les auteur·ices que les lecteur·ices. Le romantisme est un courant littéraire bien connu pour avoir abordé les thèmes de la mort, de la dépression de la mélancolie, de la folie dans un sens large (et archaïque). En effet, le mot folie est souvent utilisé de façon péjorative, vieillotte, pour désignée une personne « folle ». On confond parfois maladie mentale et « folie », mais qu’est-ce au fond que la folie? Est-ce que les normes qui définissent qui est fou ne sont pas aussi folles, parfois? Et est-ce que les grandes vérités ne sont pas parfois énoncées précisément hors des limites de ce qui est convenu? (On notera l’importance des travaux du sociologue Michel Foucault, qui a travaillé sur l’histoire de la folie, entre autres en littérature, et sur les marginaux [« aliénés », criminels, « déviants », etc.].) Dans les dernières années, l’écriture confessionnelle s’est approprié ces thèmes, dont plusieurs poètes de la nouvelle génération se revendiquent. L’écriture confessionnelle, c’est une écriture du vécu, de l’intime, des émotions, des expériences personnelles, sans filtre, sans tabous.

L’autrice Alice Rivard a sélectionné des textes qui abordent la maladie mentale de façon parfois frontale, parfois imagée, afin d’explorer comment les poètes travaillent ces sujets difficiles et délicats, mais nécessaires. Comment marcher à côté de soi devient un accompagnement de soi dans les recoins les plus difficiles, mais aussi souvent vers la guérison.

Les poèmes

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