Espoir

C’est l’odeur du muguet. La floraison des premiers pissenlits entre les rochers humides. L’attente d’une soirée autour d’un feu d’où des voix virevoltent. C’est le spontané des rencontres silencieuses dans un abri semi-humide. Le poids du soleil qui nous pèse sur les épaules comme nos sacs remplis de vivres caramélisés. Des chants émanant de la lune qui se conjuguent en grumeaux d’une vingtaine de jeunes fatigués. Un couvercle qui nous recouvre des moustiques. Le temps d’un été, nos boules de gommes qui se rattachent comme des milliers d’araignées qui tissent la toile du moustiquaire. Nos couplets qui traversent la couche de crème solaire. Nous sommes seuls sur un canot parmi les veines et les passoires. Le vent qui nous bouscule. Le tonnerre qui nous entoure est rejeté par des bouleaux jaunes. Nous sommes une brèche de la réalité. Un tison sur un imperméable. Je rêve de mousse verte sur un galet jaune. Les sabots de la vierge me font un massage de crâne. Les pétales des fleurs humidifient mon cerveau. Je pense : je veux rester allongée sur la lune. Je dis : je vais fondre au soleil. Mes pensées sont des fils à coudre tressés de sable graveleux. Un balai passe sur les édifices gris et les maisons aplaties. Je vois les fibres de verre crisser dans la boue. Elles ne veulent pas nous quitter. L’eau froide du lac s’incruste dans mes pores et le roc me parle de ses amitiés profondes avec les fougères. Une marmotte me montre les rudiments de la guimauve parfaite. J’ai envie de lui dire que le feu va mourir, qu’il fait froid, que je suis une braise de sapin baumier. Nous tuons le feu avec nos paupières. Nos larmes de départs plantent des tournesols mauves sur l’île des frappes-à-bords.