Catharsis.

Laisse-moi pleurer, sanglotant, abyssalement, inconsolablement.
Saurais-tu me rassurer pour les peines que je n'ai pas vécues?
Avec mes larmes aiguisées par les mots que j'aurais dû dire, et des sentiments qu'on n'aurait pas crus.

Laisse-moi pleurer, jusqu'à ce que les diamants de mon collier soient fondus
par l'acide de la réalité corrompue des rêves qu'un jour j'ai laissé trainer dans les danses, les spirales, où tu m'as fait tourner.
Des rêves que j'attendrai encore ce soir.

Laisse-moi pleurer pour que je puisse enfin toucher le ciel sans me faire égorger par la lamentation de la dernière caresse, sans me faire noyer par les vagues de temps qui ont fait faner mes roses, et oublier mon dernier sourire, qui t'a tant attendu.
À toi de choisir lequel est pire.

Laisse-moi pleurer, défaire mes tresses. Elles, qui tenaient si haut ma tête pour ne pas voir où je pouvais tomber si je me laissais aller.
Si je me laissais aimer, sans les épines qui détiennent l'âme hérissée par les douleurs du passé.
La seule ligne que je n'ai pas su croiser.

Laisse-moi pleurer, pour voler et me faire emporter dans les caprices d'un amour.
Étincelé par la lumière qui coule des déchirements de ce cœur fichu, un cœur gourmand qui ne mange que des bêtises et finit saignant.

Laisse-moi pleurer, sans raison! Sans logique! Sans essayer de me comprendre, sans me regarder dans les yeux qui n'ont ni de l'intérêt ni du contenu.
Vides. Profonds. Des vérités incompréhensibles. La preuve d'avoir une nuit touché fond.

Laisse-moi pleurer, autant que tu ne les vois plus, ces yeux épeurants. Des labyrinthes qui finissent par me trahir, en dévoilant tout le rouge de mon passé, le rose de mes pensées.
Qu'un jour je sais, feront virer bleues mes lèvres froides, qui n'auront prononcé que trois mots à une victime, à toi.

Laisse-moi pleurer dans un câlin serré que je n'aurais jamais demandé. Si serré que je ne puisse respirer, pour que j'arrête de penser pour un court instant, et je me découse dans les fils des personnes que j'ai été.
Pour qu'un moment, je meure accompagnée.

Laisse-moi pleurer dans tes bras, pas ceux de quelqu'un d'autre. Pour que je sois à toi, que à toi. Pour que mon esprit de porcelaine se brise en permanence dans les terreurs des douceurs que tu consacres à mes larmes.

Laisse-moi pleurer, s'il te plaît, juste une seule fois, mais pour la vaste éternité de la nuit. Pour que je ne pleure plus le matin réveillé, quand je partirai déchaînée des solitudes d'une autre fille, celle laissée dans l'obscurité.
Quand je partirai avec le goût salé d'être celle qui s'en va, et non celle qui est désertée.

Jeune femme devant paysage

Ekaterina Semenova

Année: 1re année de cégep / 12e année
École Francophone d'Airdrie
Airdrie, AB

« I was inspired by the intimacy of crying in front of someone and the vulnerability of letting yourself be consoled—both something of strength and weakness. It's about everything that entails opening up to someone and what you are showing them about you. It's about love, frustration, obsession, and everything else that makes us human. It's meant to be read in the way one would speak while crying; shakily, abruptly and between gasping breaths. »

Biographie

Ekaterina Semenova, Colombienne et Russe, est une ardente raisonneuse passionnée de débats et de questions controversées. Son ouverture d’esprit nourrit sa poésie, où elle souligne les paradoxes de l’humanité plutôt que de l’idéaliser. Elle se retrouve savourant ses derniers instants en 12e et s’outillant pour son futur en Relations internationales. 

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