Nous ne nous sommes pas vus depuis que nous fréquentions le collège,
Depuis notre dispute,
Depuis la dernière journée où j’avais un meilleur ami.
J'entre chez iel et tout est différent.
Les murs sont nettement blancs,
Le plancher brille et ne craque plus,
Les toilettes fonctionnent.
Mais en même temps tout est pareil.
Le piano est remplacé par une crédence,
Mais la pièce me fait encore penser à la musique.
Ses affiches sont tombées des murs depuis longtemps,
Mais la pâte adhésive s’y accroche toujours.
Son frère n’est plus gentil avec moi,
Mais je sais qu’il se souvient des moments où il m’implorait de lui lire des livres
Quand il se couchait
Le vendredi soir.
Je ne peux plus y rester.
La maison anciennement remplie de souvenirs me semble maintenant creuse et vide.
On attend le bus ensemble et iel s'allume une cigarette.
Le nuage de fumée m’engloutit et cache mon visage,
Cache mes pensées.
On sort du bus et la lune est la seule source de lumière.
Son manteau sent la fumée et iel commence à paniquer.
Nous sommes presque arrivés et iel ne sait pas quoi faire.
Iel le jette dans un buisson.
Je me ferme les yeux pour rigoler et mon gloussement rebondit sur le sien.
Notre bruit s’amplifie et s’amplifie jusqu’à ce que ce soit la seule chose que je puisse entendre.
À ce moment-là,
Nous avons encore huit ans.
La cloche vient de sonner et nous rentrons à pied ensemble.
En riant, nous commençons à courir pour nous distancer de sa nounou.
Nous sommes seuls dans la rue et rien qu’iel m’importe.