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Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Un oiseau chante ne sais où
C’est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d’un sou
Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Je vis, mais c’est hors de moi-même,
Je vis, mais c’est sans vivre en moi ;
Je vis dans l’objet de ma foi
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot soudain devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal ;
Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d’être lasse,
Elle est lasse enfin d’être en vain,
Connaissant votre humeur je veux bien ma Sylvie,
Que passant votre temps
Avec tous les amants dont vous êtes servie,
Le soleil est ma chair, le soleil est mon cœur,
Le cœur du ciel, mon cœur saignant qui vous fait vivre,
Le soleil, vase d’or, où fume la liqueur
Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons ;
Allons sous ma chaumière,
Flambeau de l’Univers, charmant Père du Jour,
Globe d’or et de feu, Centre de la Lumière ;
Admirable Portrait de la Cause première ;
Voici l’âge des fous charmants.
Tu as leur âge. Es-tu fou ?
Voici l’âge du tohu-bohu.
Je t’attendais ainsi qu’on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu’une oreille dans l’herbe
Par Saint-Titiphore du branle-bas
et la taverne du coin
par la draffe d’air et celles qu’on boit
Oh Rimbaud mon punk de gloire
Comme l’Elvis du rictus et du pelvis
Le bel Elvis des jambes de sorcellerie
Je repasse ta lettre, à l’ombre du ciel bleu du parasol.
À mes pieds, la mer molle se froisse rythmique à l’arène
Le chant s’essore. La mer jusqu’à la passe est pareille à tes yeux de sable et d’algues
Avant que tout éclate en morceaux
j’aimerais écrire dans ta main
un tout petit poème
cuir rouge
peau verte
soupe aux pois jaunes du Québec
Signes des hommes, voici pour vous mes nuits.
Langue, sois-moi toutes les langues !
Cinquante langues, monde d’une voix !
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Nous habitons une maison légère haut dans les airs,
le vent et la lumière la cloisonnent en se croisant,
parfois tout est si clair que nous en oublions les ans,
Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
mon ghetto d’iris noir mon oreille de cristal
mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde champêtre
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon cœur qui voyage tous les jours
— le cœur parti dans la dernière neige
Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d’haleine dans la touffe des vents
Au bout du quai
déjà
ce n’est plus la terre
Ton ange a pris le bien et le mal que j’ai faits,
Ô Père, tes moissons exactes sont rentrées.
Les routes de salut se sont enchevêtrées…
Les rêves échoués desséchés font au ras de la gueule des
rivières
de formidables tas d’ossements muets
Vague est le pont qui passe à demain de naguère
Et du milieu de l’âge on est des deux côtés
Le mur ne fait pas l’ombre et n’est pas la lumière
Je t’ai dit :
— Écoute le silence sous les colères flamboyantes
La voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des canons longs
Il n’y a jamais de porte entre moi et l’ombre,
jamais de séparation entre tant de pas ;
je marche sans cesse
Est-ce déjà l’heure
Ma tendre peur
Est-ce l’heure l’heure
Je resterai avec vous jusqu’à l’heure émouvante
où votre cœur sera devenu un continent glacé
dans le grand moment perdu de la route.
Le vent parle dans la toison brouillée
D’un arbre au front d’argent qui brille,
Un tilleul jeune au seuil de l’ombre
de jouer dans la langue et d’en rire
d’en rêver qu’on find out
qu’on communique
Pars courageusement, laisse toutes les villes ;
Ne ternis plus tes pieds aux poudres du chemin :
Du haut de nos pensers vois …
Étire-toi, la Vie est lasse à ton côté
— Qu'elle dorme de l'aube au soir,
Belle, lasse
Parbleu bon ! je vais par les rues.
Mais je n’y vais pas de mon chef,
…
Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu’allez-vous faire
Debout ! le soleil caresse nos draps.
Que ne suis-je né près de Mytilène !
Allons respirer l’odeur des cédrats
Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde
Loin de chemin, d’orée et d’adresse, et de gens :
Comme un qui en la mer grosse d’horribles …
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge
La vie parfois
comme une affiche lacérée
sur la palissade d’un terrain vague
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
— Que dis-tu, que fais-tu, pensive tourterelle, Dessus cet arbre sec ? — Las ! passant, je lamente. — Pourquoi lamentes-tu ? — Pour ma compagne absente,
De l’éternel Azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poète impuissant qui maudit son génie
Beauté, mon beau souci, de qui l’âme incertaine
A comme l’Océan son flux et son reflux :
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Le Chêne un jour dit au Roseau :
Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.