Pour tenter comme Raymond Queneau
(encore lui ! Toujours lui !)
d’attraper un petit po, un petit po,
un petit poème
qui passerait par là comme un passereau,
un petit poème indigène
(indigène du pays)
voire un poème plus gros
sans pour autant qu’il soit un phénomène,
un petit poème pour que je puisse poésir
pour moins mourir
ou du moins le moins vite possible
pour pouvoir poésir et poésoir à loisir
pour mieux voir où un petit po,
un petit poème
qu’on attrape sans devoir trop courir
peut tranquillement nous conduire
car poémer, je l’ai déjà tellement fait et défait
et poémir m’a tant et tant fait gémir
que c’est poésir que je veux faire à l’avenir
— à l’avenir et framboise si j’ose me permettre de dire ! —
pour davantage sourire le reste du restant de ma vie
je voudrais même — si j’osais me lâcher ! —
poérire en vérité
(tenez ! je peux vous l’avouer !)
pour bien pouvoir distinguer
parmi mes contemporains
mes comptant leurs sous dans leur tirelire
de mes contents de rire
d’un peu de tout, de mon côté !
En fait, je voudrais pas comme certains
contempourrir sur pied
et continuer à rimer à rien
jusqu’à la saint-glinglin glacé !
Jean-Pierre Verheggen. « Poème pour tenter d’attraper un petit poème », Sodome et grammaire, 2008.
© Éditions Gallimard
Tous les droits d'auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite.